Vendredi 28 septembre
Arrivée vers 14h00 à l'ancienne salle de bal de Rully. Ce lieu appartient maintenant à Monsieur Jost. Il nous accueille chez lui naturellement et simplement. Cela fait longtemps qu'il a envie de faire revivre ce magnifique endroit, c'est l'occasion... Baigné dans son époque, avec ses deux balcons en bois, l'un prévu pour les musiciens, l'autre pour la buvette, on imagine facilement l'ambiance qui a régné ici il y a un siècle.
A notre arrivée, nous rencontrons également Paupiette, chienne gardienne des lieux, imposante et très vite attachante. Elle nous souhaite la bienvenue à sa manière, en nous sautant tour à tour dessus.
Et c'est reparti pour un tour. A nouveau le déchargement du matériel et la réflexion sur l'agencement de la salle. Cette fois, Manu n'est pas là pour s'occuper de la mise en lumière. Il va falloir improviser. Surtout ne pas dénaturer l'espace ! On choisit de faire une installation sobre.
Vers 22h00, nous partageons une omelette et des pizzas ; Sont présents Anouk, Florent, Céline, Cédric et Jean Claude, le maître des lieux. Jean Claude est homme de théâtre, ce qui explique qu'il nous ait ouvert facilement les bras sur ce projet. Nous apprenons pendant le repas, qu'il oeuvre aujourd'hui à des actions humaines au Burkina Faso. Comme une suite logique au théâtre qui fait penser parfois à une oeuvre humanitaire. Moment agréable avant de reprendre le travail qui se termine vers 02h00.
Samedi 29 septembre
Fin des préparatifs.
Comme les évènements précédents, tout est presque près, à l'heure.
Sylvain et Jessica ouvre le bal de ce soir avec « Boris et Natasha », un théâtre d'intervention improvisé dans le village. Suivez le guide !
Au départ de la visite, personne n'est là. On se croirait dans une ville fantôme de western, où juste avant un duel, tous les volets se sont fermés. Au moindre appel de Boris et de son porte-voix, on pourrait presque entendre les volets en retard claquer leur fermeture. Personne n'est donc au courant de notre venue, malgré tous les efforts déployés par Florent pour faire de la pub ?
La fanfare vient d'arriver. Au moins on ne sera pas seul pour noyer notre chagrin si personne ne nous répond...
Après une heure de lutte dans le village, Boris et Natasha sont de retour avec une vingtaine de personnes à leur suite. Miracle. La fanfare prend le relais et joue sur la place principale du village. Quelques curiosités de plus s'éveillent.
A l'arrivée dans la salle de bal, Céline compte 41 personnes, dont quelques-uns qui ont répondu au rendez-vous suite à l'information qu'ils ont reçu dans leur boîte à lettre les jours précédents. Nous voilà agréablement surpris du retournement de situation. 50 personnes dans la salle de bal, c'est à peu près ce que nous espérions. Pour un village de quelques milliers d'habitants, ça correspond à une salle pleine de théâtre national dans une grande ville.
La fanfare joue une bonne heure avec une ou deux pause pendant lesquelles François Lotteau, ami des enclumés et « ami de Rully » en profite pour préciser le contexte de cette soirée :
Aucun musicien n'a joué dans cette salle depuis un siècle, dit-il !
De quoi hérisser les poils des zicos de la fanfare...
De quoi se dire une fois de plus que tout ceci, malgré les difficultés et les doutes a des raisons d'exister même si ça n'est que pour un instant.
Un instant peut-être pas, car le maire de Rully présent pendant la soirée, propose à Jean Claude de le rencontrer pour trouver une possibilité de faire revivre le lieu. Pourquoi pas ! même si les élections municipales approchent...
D'autres musiciens présents, proposent de venir jouer. Des projets futurs naissent dans les esprits. Que le spectacle perdure, et nous aurons laissé une trace de notre venue. Il me semble que l'acte humanitaire théâtral en France a besoin d'espaces libres d'expression pour exister. Cette salle de bal pourrait en faire partie.
En fin de soirée nous dressons la table pour partager un repas avec tout ceux encore présents. Au programme, rire et vin qui tout comme la musique n'avaient pas coulés depuis un siècle.
Dimanche 30 septembre
Reconfiguration de la salle de bal. Aujourd'hui, nous jouons La petite histoire épouvantable de la famille avion et peinture choisie. A la base, nous devions jouer dans la salle des fêtes de Rully, mais il serait trop dommage de quitter l'âme que procure le lieu où nous sommes. Et question énergie, nous sommes à l'économie. La salle de bal est déjà installée, donc moins de travail pour tout le monde. Jean-Claude n'y voit aucun inconvénient.%% A 14h00, Maurice vient nous rejoindre. Il a les traits tirés. Son travail d'administration et de diffusion pour un groupe de musiciens lui demande plus que le temps dont il dispose en ce moment. Il est quand même présent pour aider Franck à installer le décor et le son de Peinture choisie et prend en charge la balance.
A 17h00, l'attente du public est à la limite de l'endormissement pour tout le monde. Boris et Natasha recommence leur périple dans Western-Rully, toujours aussi désert. Pendant leur abscence, quelques personnes s'amassent devant la maison de Jean-Claude. A notre grand soulagement, il n'y a ni émeute, ni bousculade. Le public présent est surtout celui des deux associations avec lesquelles nous travaillons sur ce village. Au total une moyenne de 36 personnes à la caisse de Céline, fidèle au poste. Quelle énergie de sa part, après une semaine passée dans sa peau d'institutrice et trois soirées passées à Rully dans sa peau de prés « id »ente !
En première partie, peinture choisie. Nous exécutons aujourd'hui « Métamorphose », un arbre devenant peu à peu un homme en croix. La magie de l'apparition picturale sur le plastique transparent fonctionne encore une fois. Pour suivre, le public est remis entre les mains de Boris et Natasha pour un commentaire sur le diaporama de photos concernant la fête à Rully et sa fameuse femme gonflée à l'hélium qui fut découverte lors du bal de 63 ou 66, Boris ne sais plus très bien.
Le temps d'un changement de costume pour t^ete d'enclume et le public a droit à la petite histoire épouvantable de la famille avion dans le décor poussiéreux de la salle de bal qui lui va à ravir.
Des rires et peut-être même une ou deux larmes à l'issue de la représentation.
Pour finir, le public assiste, un verre de Rully blanc à la main, à une deuxième représentation de peinture choisie avec Franck à la guitare. Un morceaux musical intitulé modern cow-boy qui se prête bien à l'ambiance western du weekend...
A l'issue de cette soirée, les gens ne s'attardent pas trop ; demain c'est reprise du boulot pour la plupart. De notre côté, nous n'avons pas trop le temps non plus de profiter d'eux car il nous faut tout ranger. A nouveau un pincement pour ne pas dire un pansement au coeur. Nous étions bien ici.
Nous mangeons avec François Lotteau, Christian et Jean Claude qui offre un présent aux enclumés, remis en main propre aux mains de Anouk qui nous cachera la surprise jusqu'à demain. Une fois la salle vide et la dernière ampoule de guirlande rangée, nous étirons les au revoir devant un dernier verre de Rully. Puis il est temps de se quitter. Salut Jean Claude, salut Paupiette qui nous à fait une joie de sa présence pendant ces trois jours, salut la salle de bal. Espérons qu'il ne faudra pas encore attendre un siècle pour que la musique s'allume à nouveau.
Le démontage se termine à 02h00.
Demain, retour à Fontaines pour une petite initiation à la marionnette, en préparation du vernissage d'exposition de dimanche prochain à St Jean de Vaux...